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    Comment ressouder les liens entre Ouattara et les siens : via Gbagbo et Bédié, Hamed Bakayoko évoque Brutus

    Comment ressouder les liens entre Ouattara et les siens : via Gbagbo et Bédié, Hamed Bakayoko évoque Brutus
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 7 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    Le point commun entre Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo est que ces deux figures de la politique ivoirienne sont toujours soutenues par leurs camps, malgré les erreurs qu’ils peuvent (ou ont pu) commettre, ou malgré leur situation.

    Il est par exemple reproché à Bédié d’avoir sacrifié le PDCI, à Gbagbo d’avoir perdu le pouvoir et d’être à La Haye, pourtant cela n’empêche pas leurs militants de les soutenir. Certains parleraient de culte de la personnalité, d’autres de leaders charismatiques, figures indépassables de l’action politique du PDCI ou du FPI. D’ailleurs, le problème du PDCI et du FPI, si l’on se projette en 2020, c’est que, de façon évidente, aucun de ces deux partis n’est capable d’avancer un nom, une figure charismatique, susceptible d’incarner l’alternance aux yeux des militants, mais aussi dans le corps électoral.

    Hamed Bakayoko part de ce constat : le soutien indéfectible des militants et l’amour qu’ils ont pour leurs leaders, certes portés par l’histoire de la Côte d’Ivoire et légitimés par leur action. Fort de ce constat, Hamed Bakayoko appelle à aimer Ouattara, comme Bédié et Gbagbo le sont, pour les mêmes raisons. Ouattara n’est-il pas la figure charismatique d’un camp, d’un engagement qui a conduit à la victoire ?

    Le reproche qui est fait à la suite de sa récente interpellation, à notre frère, notre fils, notre concitoyen, notre ministre d’État Hamed Bakayoko, celui de défendre un point de vue tribal, régionaliste, c’est-à-dire, pour les anti-Ouattara, un point de vue anti-républicain, est-il fondé ?

    [Hamed Bakayoko ne perd pas de vue la réalité ivoirienne]

    Les polémiques vaines sont l’apanage de bien de personnes en Côte d’Ivoire. Hamed Bakayoko n’y a pas souvent échappé, et n’y échappe pas ces deux jours. Son crime : avoir défendu un soi-disant discours tribal et non républicain, un discours régionaliste !

    Que dit-il de si anti- républicain ? Rien de grave pourtant.  Il dit : malgré tout ce qu’ils peuvent lui reprocher, les militants du Pdci ne lâchent pas Bédié, ils le respectent. Malgré tout ce qu’ils peuvent lui reprocher et le fait qu’il soit déféré à la CPI, les militants du Fpi, considèrent toujours Laurent Gbagbo comme leur fétiche.

    Hamed Bakayoko laisse entendre qu’il ne comprend pas pourquoi les militants du Rdr sont les premiers à attaquer Ouattara et à refuser de soutenir son action ! D’autres cadres du Rdr font le même constat qu’Hamed Bakayoko : Ouattara est attaqué dans son propre camp ! Où est le caractère anti-républicain de ce constat ?

    [Le Président de tous les Ivoiriens]

    Lors de la crise de la CIE et des factures, ce sont des populations originaires du Nord qui ont, majoritairement, manifesté. Pourtant personne n’a interprété ce mécontentement du Nord comme le signe que Ouattara ne fait aucun rattrapage ethnique ou géographique. Il ne privilégie aucune population sur des critères ethniques, tribaux, géographiques ou religieux,  Il est le Président de tous les Ivoiriens !

    Hamed Bakayoko aurait sans doute dû le  rappeler, afin de montrer que Ouattara travaille pour les ivoiriens de toutes les origines, et non pour un seul camp, une seule région. C’est pour cela que le Rdr et les populations originaires du Nord ont, autant que les autres ivoiriens, le devoir de soutenir Alassane Ouattara.

    Quels arguments utilisent ceux qui font un procès au ministre d’État, lorsqu’il appelle à aimer et soutenir Ouattara ? Ils disent : Ouattara n’est pas un fétiche, les populations du Nord n’ont pas bénéficié du pouvoir Ouattara et elles ont le droit de se révolter et d’être mécontentes et de lâcher le Chef !

    Si la critique vient des pro-Gbagbo, des adversaires de Ouattara, de acteurs de la société civile mécontents, elle ne surprend pas. La Côte d’Ivoire est une démocratie et le droit d’exprimer son mécontentement existe, comme en témoigne la « Marche de la colère » organisée par Affi.  
    Mais, il se trouve que cette critique émane des pro-Ouattara, de l’intérieur même du Rdr ? C’est à ces militants du Rdr qu’Hamed Bakayoko s’adresse, pour les appeler à davantage de solidarité autour du chef. Hamed Bakayoko est bien dans son rôle de cadre Rdr, lorsqu’il en appelle au devoir de loyauté et de fidélité avec son leader et mentor.

    Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié et Laurent Gbago sont des figures reconnues de l’action politique, qui ont su incarner l’exercice du pouvoir ou l’opposition à un pouvoir. Chacun peut revenir sur leur action et contester telle ou telle décision. Mais, au moment des difficultés, les militants de Bédié et de Gbagbo ont toujours su rester unis autour de leur Chef. Ce n’est pas le cas avec Ouattara, alors que, depuis avril 2011, il a redressé le pays, transformé la Côte d’Ivoire, créé 1 million d’emplois, fait entendre la voix de la Côte d’Ivoire sur la scène internationale.

    Hamed Bakayoko n’exalte pas le tribalisme, le clanisme, il ne déchire pas le pacte républicain. Il dit simplement : dans une période difficile, nous devons aimer et soutenir notre Chef, en tant qu’Ivoirien, cadre du Rdr, et aussi ressortissant de toutes les régions du pays.
        
    « Regardez nos frères au Centre du pays : sur 2 ou 3 de leurs fétiches, ils ne s’amusent pas. Le président Bédié, il est tombé par un coup d’Etat. Il est parti en exil. Il est revenu et il a retrouvé les siens. Aujourd’hui, ce sont ses frères qui l’ont attendu et qui sont toujours derrière lui qui font sa force », dixit Hamed Bakayoko.

    Les gens du Centre, les Baoulé et Agni sont les plus nombreux et les plus soudés derrière Bédié. Est-ce anti-républicain ?  Les Bad (Bété-Attié-Dida), avec les Wê, sont les plus nombreux au Fpi. Ils soutiennent Gbagbo, ce qui fait d’Affi, l’Akan, une victime de cette réalité. Est-ce réellement anti-républicain ? Pourquoi ne le dit-on pendant qu’on critique le ministre d’État ?

    Hamed Bakayoko s’appuie sur une réalité que tout le monde connaît et vit au plus profond de sa chair en Côte d’Ivoire. Est-ce un comportement anti-républicain ? Ouattara a incarné un combat républicain, dans le droit fil de l’héritage d’Houphouët-Boigny, le Père de la nation et de l’identité ivoirienne. Et nous, qui avons accompagné ce combat, nous sommes en train de le déshonorer. C’est un des nôtres, un enfant de Bouaké, de Dabou, de Gagnoa, de Guiglo, un enfant de Touba, un enfant d’Odienné, de Korhogo, qui mérite d’être soutenu.

    [Le premier visé est en réalité le Président Ouattara ]

    Dans le procès que subit Hamed Bakayoko, ce n’est pas lui qui est visé à travers la polémique qui vient de naître, une polémique dont on sait par qui elle est alimentée. Les premiers à attaquer le ministre d’État sont ceux qui se plaignent des procès d’intention qui leur sont faits. Plus républicain que moi, tu meurs !

    Personne n’est dupe : dans cette polémique, ce n’est pas Hamed Bakayoko qui est visé, mais bel et bien Alassane Ouattara. On veut ainsi fracturer le Rdr, le diviser, on appelle les militants à brûler leur fétiche au nom des prétendues valeurs de la République.

    Le comble est atteint. La bataille de 2020 n’est pas loin. La tentative de dé-légitimation de Ouattara, entamée par certains de ses proches, et partisans supposés, mais ennemis dans l’ombre, se poursuit. Hamed Bakayoko ne cherche qu’une chose : remettre le Rdr à l’endroit en rappelant cette constante africaine : la fidélité au Chef. Les motifs d’Hamed Bakayoko sont nobles et républicains, dans le droit fil de l’héritage laissé par Houphouët-Boigny et de celui que voudra laisser Ouattara en 2020.

    Derrière César, plane toujours l’ombre de son fils, Brutus. « Tu quoque mi fili » (« Toi aussi, mon fils ! »), aurait pu dire Hamed Bakayoko, rappelant à certains Rdr qu’ils sont les fils (ou frères) de Ouattara, et, peut-être demain, des Brutus.

    Soro Thierry, Soumahoro Alpha, Touré Mariam, fils et fille de Touba, d’Odienné, de Korhogo, et Ivoiriens.

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