L’actualité dans la zone Ouest Africaine dominée par EBOLA, a laissé place à la crise burkinabé. Depuis Ouagadougou un chroniqueur donne sa lecture des événements.
MONSIEUR MAURICE
Venu à la tête du pays (à l’indépendance, en 1960) qui était (alors) appelé la HAUTE VOLTA, par coup du destin, suite à la mort subite du leader charismatique OUEZZIN COULIBALY, surnommé le LION DU RDA (Rassemblement Démocratique Africain d’Houphouët Boigny) Monsieur MAURICE YAMEOGO, appelé affectueusement Monsieur Maurice, par le petit peuple, en guise de révérence comme à un NAABA, quittera le pouvoir de façon pacifique, suite à la forte protestation syndicale, en 1966. Une protestation rappelée par des médias et manifestants ces jours-ci. Le Gal SANGOULE LAMIZANA, auteur d’un Coup d’Etat, sans effusion de sang, un coup qu’il n’a pas voulu faire (selon son aveux) lui succède.
AU COMMENCEMENT ÉTAIT L’ARMÉE…
Commence, avec lui, une longue série d’hommes en kaki qui continue, sans interruption, jusqu’à BLAISE. LAMIZANA connu comme un homme débonnaire, mérita davantage ce qualificatif en autorisant le multipartisme. Dans ces années 70, où le parti unique était (partout) roi, la Haute Volta, tout comme le SÉNÉGAL de SENGHOR… était citée parmi les démocraties naissantes sur le continent. Cependant c’était sans compter avec l’Armée (sic). Le coup du Colonel SAYE ZERBO mettra fin à tout ce processus ! ZERBO sera à son tour renversé par le Col Médecin Jean Baptiste OUEDRAGO qui, se fera surprendre par la légion de révolutionnaires conduite par… Thomas SANKARA.
Le pays devient, à cet effet: LE BURKINA FASO, le Pays des Hommes Intègres ! Avec à sa tête un quatuor de jeunes à l’air de boys scouts joyeux (Sankara, Blaise, Zongo, Lingani). En Octobre 1987 la RECTIFICATION viendra sonner le glas à la Révolution; et BLAISE que le peuple donne pour beau, l’appelant LE BEAU BLAISE restera seul. Et ce n’est pas fini !…
DE LA RECTIFICATION A LA DÉMOCRATISATION
Le Multipartisme voulu dans tout l’espace Francophone, dès 1990, par le Sommet de la Baule, trois ans après la fin de l’ère révolutionnaire, pousse le BURKINA à renouer avec le pluralisme. Or, au Burkina, l’histoire se répète au trots de l’Étalon du Yenenga. Pour certains, la Révolution avait eu un goût d’inachevé : à défaut de la refaire, il fallait que justice soit faite pour la mémoire de SANKARA ; et cela passait par le départ de BLAISE ! Pour d’autres il fallait tourner la page et approfondir la…Rectification : Donc BLAISE doit rester ! Finalement Blaise est resté 27 ans, et voici qu’il a fini par partir…mais durant 27 ans, à coup de purges, de tentatives réelles ou imaginaires de coup d’état , à coup de colères populaires vite étouffées , à coup d’assassinat genre Norbert Zongo, ces deux Burkina se sont affrontés , et le pays à qui COMPAORE a maintenu et consolidé cette fierté exaltée par Thomas SANKARA, donne encore aujourd’hui, le sentiment de ne respecter que le pouvoir fort, et militaire, un peu comme ces Égyptiens qui se sont résignés face à Al Sissi. Éternel recommencent ! L’affrontement qui duré depuis 27 ans et même longtemps avant 1985 , a connu une apothéose momentanée avec la démission de Blaise. “Deux Burkina” ? Mais aussi deux courants idéologiques qui, à force de se regarder en chien de faïence sont arrivés a l’affrontement. Deux courants que seules les urnes, de façon consensuelle, devront et pourront départager , à l’issue de la difficile et périlleuse transition, qui s’annonce. Au nom de la Démocratie et pour que vive le Burkina Futur !
Par Daouda DIOMANDEH, à Ouagadougou