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    Assalé Tiémoko : « Le préfet de Tiassalé dit avoir reçu des instructions pour que le 2 septembre 2023, la mairie revienne au RHDP »

    Assalé Tiémoko : « Le préfet de Tiassalé dit avoir reçu des instructions pour que le 2 septembre 2023, la mairie revienne au RHDP »
    Publié le
    Par
    Dasse Claude
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    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    Au cours d’une conférence de presse tenue le vendredi 11 août 2023, à Abidjan, Assalé Tiémoko, le député-maire de Tiassalé a accusé le préfet de ladite localité, Vakaba Koné de préparer “une vaste fraude” pour le compte du candidat de la majorité présidentielle, Sanogo Alpha.

     « Le préfet de Tiassalé a confié en petit comité, à des gens qu’il avait reçu des instructions fermes de la part du gouvernement, pour faire en sorte qu’au soir du 2 septembre, la mairie de Tiassalé revienne au candidat du RHDP, parce que j’aurais tenté de provoquer des troubles à l’ordre public pendant la crise de la data et que le gouvernement ne me pardonnera jamais cet affront », a-t-il déclaré.

    Dans son exposé liminaire, le maire sortant de la commune qui est également député à l’Assemblée nationale a dit avoir pris la décision de faire ces révélations après quatre mois de démarches administratives infructueuses auprès du Ministre de la Sécurité et de l’Intérieur, du Premier ministre et du Président de la République.

     « Devant le silence de tous et devant l’évolution de la situation sur le terrain, j’ai décidé de parler publiquement, parce que je n’ai pas d’autres solutions et parce que c’est le seul moyen qui me reste pour préserver ma sécurité et peut-être ma vie ». Selon l’orateur, le préfet Vakaba Koné piétine les lois de la République depuis des mois, sans que personne ne le sanctionne, parce que d’après lui-même, «il est en mission pour que le 2 septembre, Assalé Tiémoko ne soit plus le maire de Tiassalé ».  Et pourtant, pour l’orateur, nous devrions léguer une société exemplaire « à nos enfants » et « nous devrions tous appeler à l’application de la loi avec la même rigueur, dans toutes les circonstances (…) ». 

    À en croire Assalé Tiémoko, le préfet participe ardemment à la transhumance de ces prochaines élections locales, notamment pendant la révision de la liste électorale : «il a donné des ordres à la police afin qu’elle mette aux arrêts le 3ème adjoint au maire qui a tenté de s’opposer au déversement des personnes convoyées dans la ville. Il m’a demandé à moi-même, le maire de la ville, de laisser les personnes convoyées s’enrôler et d’attendre la période du contentieux pour me plaindre. Le préfet a donné des instructions aux policiers de ne pas répondre à la moindre instruction ni à la moindre sollicitation du maire, pendant toute la période de l’enrôlement ».

    Poursuivant, Assalé Tiémoko apprend que le candidat du RHDP à l’élection municipale à Tiassalé est un conseiller municipal qui en 5 ans, n’a jamais mis les pieds à une réunion du conseil municipal. Et d’ajouter que sur la liste du RHDP validée par la CEI, «se trouvent trois autres conseillers municipaux dont un n’a participé qu’à une seule réunion du conseil municipal en cinq ans et deux n’ont plus remis les pieds aux réunions du conseil municipal depuis avril 2021 ». Après avoir saisi le préfet, ces derniers, selon Assalé Tiémoko, devraient être disqualifiés, en application de l’article 38 de la loi de 2012 sur les collectivités. Mais rien n’y fit.  « Alors que le préfet à trois reprises, m’a assuré avoir entendu les concernés et transmis son rapport au ministre de l’Intérieur, j’ai découvert le 5 juin 2023, soit près d’un an plus tard, qu’il n’a transmis aucun rapport au ministre. Il n’a même pas entendu les conseillers concernés. Il a donc menti, à trois reprises, à l’autorité municipale que je suis »

    Il a alors estimé que le Préfet a pris sur lui, la responsabilité de neutraliser la loi afin de faire en sorte et de façon assumée mais totalement illégale, que la loi, faite pour tous, ne s’applique pas à son protégé qui est le candidat du RHDP aux élections municipales à Tiassalé. (…) ” Par conséquent, la liste aux municipales du candidat du RHDP, est la liste de ceux qui sont au-dessus des lois en Côte d’Ivoire ». Avant de vivement protester, tout en espérant que « l’arbitraire et le deux poids deux mesures ne doivent pas devenir une norme dans ce pays parce que le fautif est du RHDP et donc l’application de la loi s’arrête à sa porte ».

    Par contre, rappelle Assalé Antoine, pour les mêmes faits, le conseiller régional M’Bolo Martin (candidat désigné du PPA-CI : Ndlr), n’a pu se présenter pour les élections régionales à venir, parce que la loi lui a été appliquée. Pour l’orateur, « c’est une faute grave et des sanctions exemplaires doivent être prises, contre un tel préfet. Sauf s’il est en mission pour agir ainsi, avec l’approbation et le parapluie de son mandant ».

    Assalé Tiémoko : « Je ne savais pas qu’en accomplissant mon devoir de député, j’avais signé mon arrêt de mort politique »

    Pour Assalé Tiémoko, avec sa prise de position dans la crise de la Data en faveur des usagers, face aux sociétés de téléphonie mobile, il s’est retrouvé de facto, dans le collimateur des autorités ivoiriennes.

    « Le 6 avril 2023, les sociétés de téléphonie mobile, sous la pression de l’ARTCI, ont multiplié par deux, leurs tarifications pour la data dans notre pays. Les Ivoiriens, majoritairement, ont rejeté cette décision. En ma qualité de député donc de représentant officiel des populations, j’ai porté leurs voix pour accentuer la protestation citoyenne dans ce qui a été appelé la crise de la data. Je ne savais pas qu’en accomplissant mon devoir de député, j’avais signé mon arrêt de mort politique.  Le 26 avril 2023, le préfet de Tiassalé a confié en petit comité, à des gens qu’il avait reçu des instructions fermes de la part du gouvernement, pour faire en sorte qu’au soir du 2 septembre, la mairie de Tiassalé revienne au candidat du RHDP, parce que j’aurais tenté de provoquer des troubles à l’ordre public pendant la crise de la data et que le gouvernement ne me pardonnera jamais cet affront ». Le député-maire confirme ses accusations en faisant écouter aux journalistes des échanges audios attribués au préfet qui ont été authentifiés selon lui, par le ministère de l’Intérieur où ce dernier aurait été convoqué. « La vérité, c’est que je suis journaliste d’investigations et que j’ai les moyens d’obtenir des preuves. Et je me suis donné les moyens d’obtenir des preuves sur les choses d’une gravité exceptionnelle que racontait le préfet de Tiassalé » rappellera-t-il.

    « Le préfet, dans cet enregistrement, affirme avec légèreté qu’en raison du rôle que le député-maire de Tiassalé a joué lors de la crise de la data, le gouvernement m’attend au tournant à l’occasion des élections qui arrivent », nous explique le député-maire, à l’écoute de cet enregistrement parmi tant d’autres.

    Il nous dira ensuite que le préfet a donné des ordres à la gendarmerie contre lui, pourtant premier magistrat de la commune. Avant d’ajouter que le candidat du RHDP, dit à qui veut l’entendre qu’il est déjà le maire de Tiassalé ce qui sème la confusion dans l’esprit des populations.

    Assalé Tiémoko a également dit que le Préfet a demandé aux policiers et aux gendarmes d’aller sécuriser les locaux de la CEI au motif que lui, le député-maire veut créer le désordre. « Comment un Préfet peut-il donner de tels ordres aux forces de l’ordre contre le maire d’une ville alors qu’il n’a aucun élément qui lui permet de dire que le maire a conçu un tel projet. En agissant ainsi, le Préfet a mis gravement ma sécurité et ma vie en danger ».  Avant de poursuivre : « cet agissement du préfet est exactement un avant-goût, un signe avant-coureur, du rôle qu’il jouera le 2 septembre quand il donnera des ordres illégaux aux forces de l’ordre contre mes équipes afin de favoriser les gens du RHDP comme il l’a fait pendant la révision de la liste électorale ».

    Excédé par tous ces faits, Assalé Tiémoko dit avoir adressé, pour la toute première fois, le 5 mai 2023, un courrier au ministre de l’Intérieur dans lequel il demande que le préfet de Tiassalé, pour avoir violé toutes les obligations de sa charge contenues dans le statut du corps préfectoral, soit relevé de ses fonctions ainsi que cela a été fait pour la sous-préfète de Mahapleu à qui il a été reproché des choses 50 fois moins graves que ce qu’a fait le préfet de Tiassalé. Assalé Tiémoko sera reçu par le ministre de l’Intérieur qui « a reconnu la délicatesse de l’affaire ». Avant de convoquer le préfet en question. Puis, coup de théâtre ! « Le vendredi 21 et le samedi 22 juillet, j’ai reçu à Tiassalé, une mission de médiation envoyée par le ministère de l’Intérieur, mission conduite par le Préfet Hors Grade Dacoury, conseiller spécial du ministre de l’Intérieur. Cette mission avait pour objectif de me convaincre de laisser tomber l’affaire et de me réconcilier avec le préfet malgré toutes les fautes graves qu’il avait commises et continuait de commettre ». Autres faits à signaler dans le cadre de cette affaire : « le lundi 24 juillet, j’ai mis à la disposition du commandement supérieur de la gendarmerie, l’enregistrement audio dans lequel, le préfet ordonne au commandant de compagnie de la gendarmerie de Tiassalé, de placer les locaux de la CEI de Tiassalé sous surveillance jusqu’à nouvel ordre, parce que « Assalé veut créer du désordre. (…) La veille, le dimanche 23 juillet aux alentours de 1H30 minutes, j’ai reçu à ma résidence à Tiassalé, la visite du commandant supérieur de la gendarmerie, le général Alexandre Apalo ». « Le général a précisé qu’il s’agissait d’une visite fraternelle pour parler avec un frère et lui donner des conseils fraternels ». « J’ai personnellement enquêté et documenté des cas de fraudes avérées sur la nationalité ivoirienne et, déférant au commandement de la loi en ma qualité d’officier de police judiciaire ainsi que cela est prévu par les articles 27 et 31 du code de procédure pénale, j’ai saisi le substitut du procureur de la République près la section de tribunal de Tiassalé, d’une dénonciation pour fraude sur la nationalité ivoirienne… » 

    Dossier transmis selon lui, au Garde des sceaux.

    « Mais devant le silence du ministère de la Justice, j’ai requis à mes frais, les services d’un commissaire de justice, aux fins de saisir la section de tribunal de Tiassalé d’une procédure en citation directe contre les fraudeurs présumés dont certains sont dans l’équipe de campagne du candidat du RHDP, pour qu’ils soient interrogés sur les conditions dans lesquelles, ils ont pu se faire délivrer la carte d’identité nationale ivoirienne. La première audience, après le paiement du cautionnement, est prévue pour le 18 octobre prochain parce que, entre-temps, les vacances judiciaires sont intervenues. En attendant, le 2 septembre, ces personnes soupçonnées d’avoir fraudé sur la nationalité ivoirienne ou plus précisément, qui ont fait de fausses déclarations pour se procurer des documents d’identité ivoiriens et qui se sont inscrites sur la liste électorale de la commune de Tiassalé, iront voter alors qu’ils n’en n’ont pas le droit » dénonce-t-il

    Malgré tous ces faits dénoncés, le député sortant a pris la décision d’aller à ce scrutin. « Je me suis engagé en politique pour servir la cause du peuple, pour défendre le sort du peuple, pour lutter contre l’arbitraire et l’injustice », s’est-il justifié, assurant avoir saisi du dossier les chancelleries en Côte d’Ivoire et les organisations de défense de droits de l’homme. .

    Claude Dassé

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