Dans un message de nouvel an à la Nation Ivoirienne, j’avais invité toutes les Ivoiriennes et tous les Ivoiriens à s’approprier, tous, l’espoir et la certitude que cette année 2017 se révélerait exceptionnelle de par l’inéluctable fin du purgatoire que leur fait vivre au quotidien le pouvoir Ouattara / RDR derrière l’écran Bédié / RHDP depuis près de six ans.
Dans les jours qui ont suivi, deux évènements majeurs sont venus se révéler comme une éclatante manifestation prémonitoire de ce que ‘’2017 sera ‘’vraiment’’ l’année du triomphe des Ivoiriens’’.
A/ La grève de la fonction publique
Depuis le 7 janvier 2017, la Côte d’Ivoire connaîtune grève des fonctionnaires et agents de l’état d’une ampleur et d’une dimension que l’on pourrait qualifier d’historiques. En fait, avec les inévitables effets collatéraux, l’on peut dire,qu’aujourd’hui, tout le pays est paralysé,puisqu’aucun domaine d’activité, relevant du public comme du secteur privé, n’est épargné.
Et la détermination et la résolution des fonctionnaires, qui sont à féliciter et à donner en exemple, leurs responsables syndicaux en tête, à s’en tenir à ce que qui leur est dû par l’Etat Patron et Employeur en regard des textes en vigueur et du travail qu’ils ont déjà effectué.
Ils ne demandent que leurs droits et leur du , rien de plus. C’est cela la démocratie et l’état de droit, et après plus de soixante ans de souveraineté, cela devrait aller de soi pour chacun de nous en Côte d’Ivoire, surtout lorsque l’État employeur lui-même ne fait aucun mystère pour reconnaitre que c’est lui qui n’a pas pu encore respecter ses engagements.
Pour ce qui est de la modification du système des retraites des fonctionnaires introduite par l’ordonnance 2012-303 du 4 avril 2012, ses implications quant à la forte baisse de revenus des retraités par rapport à l’existant, et les autres dispositions qui concernent les ayant droit en cas de décès du fonctionnaire, sont si énormes que l’on est en droit de se demander par quel tour de prestidigitation cet énorme pavé n’a soulevé à l’époque aucun raz de marée dans le fleuve tranquille et assoupi de la vie ivoirienne.
Il ne reste rien d’autre à faire que de retirer cette ordonnance et reprendre totalement l’étude du sujet avec une commission où toutes les parties concernées (administration et fonctionnaires) siègeront avec des experts.
Le MFA renouvelle son soutien à tous les fonctionnaires de Côte d’Ivoire qui, en phase avec leurs organisations syndicales respectives, ont été vigilants et constants dans leur suivi de ce mot d’ordre de grève qui, au delà de leurs conditions de vie et de travail, touche à leur dignité face à un pouvoir qui ne leur accorde aucune considération et ne voit en eux que du petit monde taillable et corvéable à merci.
B/ Les mutineries à répétition qui gagnent l’armée, la gendarmerie, et bientôt la police et au-delà
Le MFA, alors membre du RHDP, avait à plusieurs reprises interpellé le chef de l’Etat, en 2011, sur la nécessité de faire de la ‘’libération totale’’ des éléments ayant pris part aux combats,mais n’appartenant pas aux forces régulières de l’état de Côte d’Ivoire, une priorité nationale, quel qu’en soit le coût financier, afin que très rapidement, la Côte d’Ivoire se retrouve avec des forces de sécurité ou de défense dans leur relative harmonie et proportion telles qu’observées depuis les années 1960 et dans tout État moderne.
Le fait de n’avoir pas pris la bonne mesure de l’importance de ce problème, et de ce que sa mauvaise gestion constituerait une menace permanente pour tous les pouvoirs politiques à venir, et ce sur une longue période, est le crime de mal gouvernance du pouvoir Ouattara qu’il paye lui-même maintenant.
Nous n’avons pas la prétention de proposer une recette miracle ou une panacée.
Nous ne croyons pas que la loi de programmation militaire soit une réponse à moyen ou long termeà ce problème, parce qu’elle a été étudiée sur l’hypothèse d’une situation normale, loin de l’état des lieux qui peut être fait depuis 2011 au niveau de toutes les composantes de nos forces de sécurité et de défense.
Pour une relative paix et stabilité en Côte d’Ivoire, et pour ne pas que l’image internationale de notre pays, et surtout celle de son chef d’Etat, ne soient encore plus durement foulées aux pieds, il convient juste, dans l’urgence, de revenir à un simple élément de sagesse populaire qui demande que l’on évite d’introduire deux poids et deux mesures, ou un régime à double vitesse, entre les éléments d’une même institution. Lors de la crise post électorale, ceux qui ont combattu dans chacun des deux camps ont dans leur tête et leur conscience qu’ils servaient la bonne cause, et il est humainement impossible de leur faire admettre que ceux de l’autre camp, et à fortiori leurs supplétifs, puissent bénéficier de primes ou avantages à eux déniés.
Prudence – prudence donc. Et surtout intelligence, intelligence…
Tous les Ivoiriens et l’étranger réalisent aisémentque tous les ingrédients qui ont conduit au coup d’état du 24 décembre 1999 sont largement réunis, et l’ensemble de l’édifice du pouvoir ne tient qu’à un mince fil, celui de la volonté d’un peuple qui, pour l’heure, reste dans la posture d’attentisme résigné où l’on réduit les péripéties douloureuses des deux dernières décennies de notre histoire. Le pouvoir n’est plus au palais présidentiel, même si la rue et le peuple ne s’en sont pas encore saisis. Que ceux qui aiment leur pays, la Côte d’Ivoire, en prennent acte et en tirent les conséquences !
Que le Tout Puissant ait la Côte d’Ivoire en grâce.
Kobena I. ANAKY