Comme plusieurs chefs d’État africains, Alpha Condé de la Guinée serait-il tenté pour un 3ème mandat alors qu’il n’est qu’au 7ème mois de son second et dernier quinquennat?
Le principal concerné renvoie la réponse “claire” à cette question au “Peuple” de Guinée. Interrogé par un journaliste au Palais présidentiel, dimanche, sur son intention de quitter le pouvoir en 2020 conformément à la Constitution de son pays , le chef de l’exécutif a fait une littérature sans “début ni fin” précise. Tenez-vous bien, voici la réponse que le Président Condé apporte à cette interrogation courte : “Moi, je viens du Rwanda, un pays bien géré et qui avance. Au Rwanda, vous ne pouvez pas jeter un morceau de papier dans la rue. L’Ethiopie est un pays bien géré qui avance. Enfin, pourquoi vous ne posez pas la question de Singapour. Pourquoi vous ne parlez pas des pays de l’Asie du Sud Est. Quand on dit que le Singapour est bien développé, pourquoi vous ne vous posez pas la question de savoir comment il était? Nous en avons assez qu’on invective l’Afrique, l’Afrique. L’Asie du Sud-Est dont on vante tant est bien développée mais comment? Est-ce des démocraties? La Malaisie? Pourquoi vous ne voulez pas que je collabore avec Kagamé? Non, je n’ai aucun complexe? Chaque président est libre en fonction de son peuple, de faire sa politique. Je n’ai pas à apporter des jugements. Dans un pays, ce n’est pas à vous de décider, c’est le peuple. Personne, je dis personne ne me dira ce qu’il faut faire, seul le peuple guinéen le dira. Et je n’ai aucun problème à collaborer avec Kagamé, à collaborer avec le président éthiopien ou avec d’autres”, taraude Alpha Condé, alors que la question n’est pas là.
Pour revenir au sujet, le locataire du Palais Sékoutoureyah, très tendu, visiblement agacé, lâche ceci: “… c’est vous qui vous préoccupez de ça. J’ai un programme de cinq ans. J’applique mon programme pour satisfaire le peuple de Guinée. Je ne rentre pas dans ce débat de savoir si le programme est démocrate ou pas. Ça c’est le problème avec son peuple. S’il a une bonne expérience, je tire les leçons de son expérience pour faire avancer mon pays. Donc, je ne rentrerais pas dans ce débat, limitation de mandat ou pas. Ce qui m’intéresse, ce que j’ai des engagements avec le peuple de Guinée. Je remplis ces engagements. C’est vous qui spéculez. Il y a certains qui s’agitent, qui sera vivant en 2020, qui ne sera pas là, qui est Bon Dieu”. M. Condé de pousser: “les gens sont trop pressés pour parler déjà de 2020. Le moment venu c’est le peuple qui décidera”. Pareille réponse, l’Afrique en a déjà entendu. Comme ça, Lansana Conté (en 2001), Blaise Compaoré (en 2014), Denis Sassou Nguesso et Paul Kagamé en 2016, avaient résisté à ceux qui leur contestaient le droit de modifier les dispositions constitutionnelles.
En Guinée déjà, des citoyens poussent des cris et parlent “d’une intention risquée”.
“Cette réponse ambiguë laisse déjà présager une intention risquée. Nul n’est indispensable à vie. Vouloir faire un putsch constitutionnel, à travers un pseudo référendum, pour être président à vie ne passera pas. La Guinée a déjà beaucoup trop consenti de sacrifices pour se permettre de reculer à nouveau. Ne soyez pas tentés par les sirènes révisionnistes. La Guinée n’est pas les Congo de Sassou ou de Kabila. Elle n’est non plus pas la Guinée Équatoriale de Théodor Obiang. J’espère que le cas de Blaise Compaoré vous servira de leçon. Faites vos deux mandats autorisés par la Constitution, et faites vos valises. Laissez la place à un autre…”, a conseillé Boubacar Diallo, journaliste sur sa page facebook. Par cet acte, il veut que Alpha Condé (qui dit qu’il ne s’informe que par facebook) voit en personne.
Amadou Mouctar Barry lui souhaite que le Pr Alpha Condé se souvienne “du cas Dadis et du 28 septembre avant de tenir de tels propos”.
Apparemment, dit-il, le Président Condé a la mémoire courte. “Le Peuple dont il parle n’est plus celui de 58 et n’est plus ce mouton que l’on peut berner à sa guise. Qu’il se le tienne pour dit: les générations actuelles ne connaissent ni Sékou Touré, ni Mao, ni tous ces gens qui se gargarisaient avec le mot Peuple pour tromper les idiots du moment. Attention professeur, la Constitution est sacrée et le Président de la Cour Constitutionnelle le lui avait bien signifié dans son exhortation d’investiture: second et dernier mandat. c’est non négociable!”
Aliou BM Diallo, à Conakry