Une cérémonie marquant le début du processus d’indemnisation des victimes des crises survenues de 1990 à 2011 en Côte d’Ivoire, a eu lieu mardi 4 août 2015, à Abidjan.
Le président de la Commission nationale pour la réconciliation et l’indemnisation des victimes (Conariv) Monseigneur Siméon Ahouana a indiqué à cette occasion que l’indemnisation ne doit pas être perçue comme une aumône, mais un droit pour les victimes.
Il appelé les populations ivoiriennes en général et les acteurs politiques en particulier à être des acteurs de tolérance à l’occasion des élections de 2015.
Par ailleurs, l’Archevêque métropolitain de Bouaké a demandé au chef de l’État ivoirien d’accorder le pardon :
« Le pape François a décrété l’année 2015-2016 comme une année jubilaire exceptionnelle avec pour thème ‘‘miséricordieux pour tous’’, c’est-à-dire le visage de la miséricorde. En effet, qui dit miséricorde, dit pardon, amour et réconciliation. Monsieur le Président de la République, au nom de la Nation ivoirienne, je vous invite à vous approprier cette exhortation. Vous êtes un chef, le chef de l’État . Un chef a des yeux, mais fait comme s’il ne voit pas. Un chef a des oreilles, mais fait comme s’il n’entend pas. Monsieur le Président, vous comprenez toute la dimension sacrificielle et crucifiante de l’exercice du pouvoir d’État. La vie d’un chef est ordonnée à celle du peuple dont il a la charge. Sa passion, c’est le peuple. C’est pourquoi au nom du peuple de Côte d’Ivoire, je vous invite de manière solennelle à offrir le pardon à tous. Parce que le pardon change et renouvèle l’homme. Celui qui est pardonné ne peut pas avoir le même comportement qu’avant. Et l’un des objectifs majeurs de la justice transitionnelle est la garantie de la non répétition. Monsieur le Président, vous avez engagé la Côte d’Ivoire dans de vastes chantiers de construction de ponts, routes et autoroutes. À quoi serviraient toutes ces réalisations si ce n’est pour favoriser les échanges et la cohésion des populations ivoiriennes ?Aussi Monsieur le Président je vous exhorte à aller plus loin dans cette volonté de voir les Ivoiriens fraterniser réellement pour la paix, la réconciliation et la cohésion sociale».
[ Ouattara insiste sur la justice ]
Dans son allocution au cours de la rencontre , le Président ivoirien a fait savoir que la réconciliation ne peut se faire sans la justice : « Nous devons pardonner parce que nous devons vivre ensemble, nous pardonner les uns et les autres pour nous réconcilier et reconstruire ce pays que nous aimons tant. Cette réconciliation doit se faire dans la justice, une justice marquée du sceau de l’équité. Rendre justice à toutes les victimes est une réparation nécessaire pour que ce qui s’est passé ne se répète plus jamais dans notre pays, plus jamais ».
Indiquant que la Côte d’Ivoire a traversé des périodes difficiles et qu’aucune famille n’a été épargnée , Alassane Ouattara a estimé qu’un être humain n’a pas de prix. Cependant l’État prendra selon lui, toutes les dispositions pour que les blessés soient pris en charge médicalement , pour que compassion soit apportée aux familles. Il a instruit le premier ministre pour aménager un espace qui sera baptisé ‘‘Place du souvenir et du pardon’’.
T.A.B