Ex-membre de la galaxie patriotique, Ahoua Stalonne vit depuis la chute de Laurent Gbagbo en exil aux États-Unis, précisément à Baltimore dans l’État de Maryland à 62 km de Washington.
Nous lui avons rendu visite lors de notre passage à Washington Dc, après l’AG des Nations unies, le dimanche 24 septembre 2017.
« Avant la chute de Gbagbo, je venais déjà en vacance aux États-Unis avec mon épouse. Elle était déjà ici lorsque la crise a éclaté en novembre 2010. Moi j’ai dû me débrouiller après une mission en Italie dans le cadre de la recherche de solution à la crise postélectorale, pour revenir ici la rejoindre avec les enfants. Je suis venu en juin 2011 », dit l’ex patron de Iré Fc.
Lui qui souhaitait vivre à Seattle a finalement opté pour Baltimore, la plus grande ville et capitale de l’État de Maryland, un état rempli d’histoire. « Baltimore avait le plus grand port de la côte occidentale. C’était une ville mythique du fait que tous nos parents africains étaient déportés ici avant d’être dispersés dans les autres villes du sud au moment où ne parlait pas encore d’états fédérés ; et ce, jusqu’ à ce que Abrahams Lincoln décrète l’affranchissement du noir en 1864. C’est pourquoi, ici vous trouverez plus d’américains noirs qu’ailleurs ; des gens qui ressemblent à des Ivoiriens, à des Congolais, à des Burkinabè ect » , révèle l’ex président de la fondation Acralé (qui œuvre pour la cohésion sociale à travers le football).
Ahoua Stalonne vit avec son épouse et ses trois enfants (un grand garçon et deux petites filles). Il doit travailler pour subvenir aux besoin de la famille. Sa femme est employée dans une compagnie à l’aéroport de Baltimore. Lui, travaillait comme tout bon immigré (petits boulots) avant de devenir superviseur général chez Taylor Farms. Une entreprise de production d’aliments frais et de salades, fondée en 1995 et installée dans l’État de Maryland depuis 2004. L’entreprise emploie plus de 500 personnes.
Le locataire du 5930 rue Saint Régis à Baltimore n’a pas coupé avec ses anciens amis de la galaxie patriotique. Le 22 août 2017, il a rendu visite à son ami , Charles Blé Goudé à la prison de Scheveningen à la Haye. « Avec Charles, nous avons parlé de la Côte d’Ivoire, de tout ce que nous allons mettre en place comme procédé, comme stratégie pour que les ivoiriens puissent aller à l’unissons, à la paix. J’ai trouvé un homme débout, confiant et serein. J’ai trouvé un homme prêt à tous les sacrifices pour que la paix revienne en Côte d’Ivoire », dit-il..
Lorsque nous lui demandons ce qu’il pense de Guillaume Soro et son pardon, il déclare : « C’est nous qui avons tout perdu. C’est différent de ceux qui pensent que Facebook est une tribune pour la jugeote. Et si nous qui avons payé le lourd tribut acceptons qu’au nom de de cette ardoise que nous ne voulons pas laisser aux générations futures, nous puissions nous assoir pour parler de la Côte d’Ivoire, mais bien évidemment, on ne peut qu’accepter que Soro Guillaume aille demander pardon à Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. Je suis personnellement pressé qu’il aille le faire non pas parce qu’ils me l’ont demandé, mais la façon dont Blé Goudé et moi avons discuté de la Côte d’Ivoire, m’emmène à affirmer tout azimut que tous ceux qui veulent aller au pardon que leur pardon soit recevable ».
Sur la question de la valeur de ce pardon prôné par l’ex secrétaire général de la Fesci, actuel président de l’assemblée nationale, Ahoua Satonne est formel : « Je dirai que c’est même un devoir pour Soro d’aller demander pardon à son bienfaiteur Laurent Gbagbo. Quand Soro était secrétaire général de la Fesci, emprisonné par Bédié, c’est Laurent Gbagbo qui l’a défendu. Soro, rebelle, proposé Premier Ministre contre l’avis du RDR, c’est encore le président Gbagbo qui l’imposa. Enfin, je crois que cela devrait aider Soro à se faire une bonne conscience. Toutefois, je l’invite à soutenir le projet d’amnistie de l’honorable Evariste Méambly, car en politique ce sont les actes qui comptent et non les mots, à moins que son intention ne soit de faire de la propagande en vue des élections présidentielles de 2020 ».
Enfin lorsque nous lui demandons à quand son retour au pays, il estime qu’en tant que réfugié politique reconnu sous le pouvoir Obama, et vivant avec toute sa famille aux États-Unis, son retour ne peut dépendre que de l’évolution de la situation sécuritaire et politique du pays.
Philippe Kouhon, depuis Baltimore aux Etats-Unis