Neuf millions de personnes sont sans emploi en Afrique du Sud. Il y a de nombreuses causes à cela, mais la plus importante est liée aux conséquences dévastatrices d’un système scolaire mal structuré et mal géré. Les programmes d’apprentissage sont inefficaces et conduisent de nombreux jeunes à l’échec. Au lieu d’en être des bénéficiaires, ils en deviennent les «victimes».
Avant tout, les fonctionnaires devraient définir ce que l’on entend par «scolarisation». Il n’existe pas de définition unique qui puisse englober toutes les possibilités, et qui soit suffisamment claire et étroite pour permettre un contrôle. Une définition qui offre une certaine latitude permettrait aux élèves et à leurs parents d’échapper aux restrictions du programme d’études gouvernemental et de choisir des alternatives éducatives à partir de la grande variété d’options qui, en l’absence du programme obligatoire, auraient été disponibles.
L’économiste, EG West, a souligné que si la véritable intention était de faire en sorte que les jeunes apprennent à lire et à écrire, la mission ne devrait pas revenir au seul gouvernement. Il suffirait d’obliger les parents à alphabétiser leurs enfants et de contrôler ensuite le résultat en faisant subir un test officiel aux enfants de la même manière que l’on passe le test du permis de conduire.
Les programmes d’enseignement publics sont étroits et ne répondent pas forcément aux besoins réels des jeunes. L’essentiel est certes de savoir lire et écrire et de connaître quelques bases de calcul (additionner, soustraire, multiplier et diviser mais il y a des milliers d’autres sujets d’étude possibles à choisir.
Un site de planification de carrière dresse une liste de 12000 carrières potentielles. Comment le système scolaire traditionnel, non seulement en Afrique du Sud mais dans le monde entier, prépare-t-il les jeunes à travailler dans un environnement où les possibilités sont si nombreuses? La réponse est que ce n’est pas le cas. Les systèmes scolaires offrent des choix très restreints qui ne répondent pas à la diversité de l’offre d’emplois. Ainsi, les jeunes sont tenus en « esclavage » dans un système fermé, alors qu’ils pourraient apprendre les choses qui les intéressent vraiment et qui leur seront précieuses tout au long de leur vie. Les conseillers en orientation professionnelle dans les écoles proposent un éventail de carrières aussi étroite que les programmes scolaires, ce qui est peu stimulant pour la jeunesse.
Les systèmes scolaires dans le monde entier sont obsolètes. La transmission des connaissances et des compétences pourrait pourtant être effectuée de manière beaucoup plus efficace et satisfaisante. Il faudrait pour cela libérer la formation en sortant du seul service étatique en favorisant l’émergence de nouvelles structures privées concurrentes. Cela permettrait d’élargir les offres de formations en les ramenant aux besoins réels du marché du travail. Il faudrait, en autres, valoriser les filières manuelles comme l’électronique, la plomberie, l’électricité, la maçonnerie, la menuiserie, la peinture, le carrelage et le jardinage. Il existe un large éventail de possibilités pour chaque activité potentielle.
A cela il faut ajouter les filières liées à la musique et à l’art sous toutes leurs formes, l’agriculture, et le sport. Des experts dans tous ces domaines pourraient enseigner ce qu’ils savent. Les possibilités sont presque infinies et la disponibilité de l’information augmente de façon exponentielle.
L’avenir des neuf millions de chômeurs actuels serait drastiquement modifiée s’ils avaient des compétences dans les domaines mentionnés. L’ouverture des jeunes à des programmes d’apprentissage dans ces domaines serait un capital précieux pour l’Afrique du Sud et serait une digne réponse au problème du chômage. Ces changements structurels mettront surement du temps à impacter l’économie, mais il faut ouvrir cette voie dès à présent en adaptant les lois et l’environnement pour améliorer les programmes scolaires et d’apprentissage.
Eustace Davie, analyste pour The Free Market Foundation.
Article publié en collaboration avec Libre Afrique.