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    Afrique du Sud : le mirage du « salaire décent »

    Afrique du Sud : le mirage du « salaire décent »
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 4 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    Le débat sur le salaire minimum, et le soi-disant «salaire décent», fait rage aux États-Unis, en Afrique du Sud et ailleurs. L’euphémisme du «salaire décent» peut paraître louable mais ses conséquences pourraient pourtant être dures et totalement indécentes. Pour beaucoup de gens, la dénomination appropriée ne devrait pas être salaire minimum, mais «salaire zéro». En effet c’est peut-être le sort réservé à de nombreux futurs chômeurs si l’on introduit sournoisement le salaire minimum national sous le manteau d’un «salaire décent».

    La réflexion théorique est certes importante mais il faut y ajouter des calculs mathématiques, comme l’a fait Gilad Isaacs, membre de l’Initiative pour la Recherche sur le Salaire National Minimum de l’Université Wits. Lors d’une interview, quand on l’a interrogé sur l’effet du salaire minimum sur l’emploi, il a clairement affirmé que « l’impact sur l’emploi est très faible, négligeable ou statistiquement non significatif ». Et le montant de ce salaire minimum? Selon Isaacs: « c’est une question à 1 million de dollars. Nous avons fait quatre simulations différentes, une minimaliste qui nous a donné un minimum à 2 250 R, l’autre maximaliste qui fixe le salaire minimum à 6 000 R, puis les deux autres donnent des montants entre ces deux extrêmes suivant l’indexation. Celle-ci signifie que nous commençons à un certain niveau qui est un pourcentage du salaire moyen et nous l’augmentons sur une période de cinq ans pour permettre à l’économie de s’adapter, ce qui constitue en fait une option politique qui nous est offerte ».

    Un salaire minimum national, apparemment déterminé entre 2 250 R et 6 000 R, va être imposé à tous les employeurs du pays. Il peut paraitre louable de déterminer un salaire minimum mais l’imposer est une aberration. Plus il est élevé, moins il y aura d’emplois du fait des licenciements et de la réticence des patrons à embaucher dans ce cadre rigide alors même que 8,2 millions de personnes sont actuellement au chômage. Certaines mères qui embauchent des nounous pour leurs enfants devront s’en passer. Les entreprises agricoles qui embauchent un grand nombre de travailleurs non qualifiés pourraient se voir dans l’obligation de les remplacer par des machines. Les ménages qui emploient actuellement des travailleurs domestiques, dont beaucoup sont au bas de l’échelle des salaires, seront peut-être obligés de faire eux-mêmes leur ménage.

    L’Initiative nationale pour le salaire minimum de l’Université Wits a reçu une large couverture médiatique. Elle dit avoir étudié, à travers l’expérience internationale, l’impact du salaire minimum sur l’emploi et affirme que selon la littérature, l’effet sur l’emploi a été «insignifiant». Cependant, une nouvelle étude, réalisée par l’éminent Institut Fraser basé au Canada, aboutit à une conclusion très différente. Dans cette nouvelle étude « Augmentation du salaire minimum: les conséquences inattendues d’une politique malavisée », publié en mars 2016, les auteurs du Fraser passent en revue un grand nombre d’études sur la question du salaire minimum. Une conclusion importante à souligner est que, «la littérature canadienne trouve généralement qu’une augmentation de 10% du salaire minimum réduit l’emploi chez les adolescents et les jeunes adultes (âgés de 15 à 24) de 3% à 6%. En rendant l’entrée sur le marché plus difficile pour les primo accédants et les travailleurs peu qualifiés, le salaire minimum peut entraver le développement du capital humain et nuire aux perspectives de carrière à long terme des personnes qu’il prétend aider officiellement. En effet, les chercheurs canadiens ont constaté que la hausse du salaire minimum n’a pas d’impact statistiquement significatif sur la pauvreté et, dans certains cas, peut même l’aggraver».

    Par ailleurs, A-t-on fait des recherches pour comprendre pourquoi l’Afrique du Sud a 33,8% sa main-d’œuvre potentielle au chômage ? A-t-on demandé aux chômeurs pourquoi ils sont incapables de trouver un emploi dans les conditions actuelles? Leur a-t-on demandé si un salaire minimum national permettrait d’améliorer leurs chances de trouver un emploi? A-t-on demandé aux salariés et leurs employeurs dans les zones rurales, où les salaires sont beaucoup plus bas que dans les zones urbaines, si un salaire minimum national élevé allait entraîner des perturbations d’affaires et des pertes d’emplois?

    Les politiques qui devraient être adoptées sont celles qui vont conduire à une forte croissance économique, une augmentation de la demande de main-d’œuvre, une inclusion des chômeurs dans l’économie et une augmentation de tous les salaires. Cela ne peut pas passer par un salaire minimum national, car celui-ci augmentera le chômage, entravera l’activité économique, et causera davantage de ravages dans un pays qui souffre d’un taux de chômage de 35,8%.

    Eustace Davie, directeur du Free Market Foundation (version élaguée) Article publié en collaboration avec LibreAfrique.org

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