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    Afrique du Sud : le boulet des entreprises publiques

    Afrique du Sud : le boulet des entreprises publiques
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 4 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    En Afrique du Sud, il n’y a pas moins de 717 entreprises publiques qui représentent un actif total de 1 trillions de Rands, soit 27% du PIB, et des investissements publics représentant plus de 30% de l’investissement total. Il y a certes une tendance dans les pays riches à avoir des gouvernements très interventionnistes, mais le gouvernement d’Afrique du Sud est non seulement envahissant mais ne cesse de croître. Les entreprises étatiques envahissent la sphère économique ce qui fait que les investissements publics représentent une part importante de l’investissement total. Ces entreprises sont un vrai fardeau pour le contribuable et l’économie.

    L’économie nous enseigne que les entreprises gérées par l’Etat ont tendance à être moins efficaces que celles du secteur privé. En effet, dans une entreprise d’État, le manque d’incitations des parties prenantes et de la bureaucratie associée, ainsi que le manque de concurrence, ne favorisent pas l’efficacité, ni la qualité. Le gouvernement sud africain le reconnaît d’ailleurs dans son rapport sur les entreprises étatiques. Il ressort en effet que le retour sur investissement dans les entreprises publiques a diminué au cours des cinq dernières années pour s’établir à 2,9% en 2014/2015.

    Certaines entreprises étatiques sont tellement inefficaces qu’elles arrivent à réaliser des pertes énormes. L’exemple de la SAA (South Africa Airlines) est éloquent, elle a coûté, en trésorerie, plus de 30 milliards de Rands en opérations de sauvetage depuis 2007. En 2015, le gouvernement a du lui donner 14.4 milliards Rands de garanties qui ont été immédiatement dépensés. Cette entreprise représente un risque majeur pour l’Etat qui doit sans cesse renflouer les pertes récurrentes. Le gouvernement a pourtant déclaré qu’il n’a pas l’intention de se débarrasser ou de privatiser la SAA, mais qu’il envisage l’introduction d’un associé au capital et le remplacement du board.

    Il n’y a pourtant aucune bonne raison valable de garder la SAA. Une entreprise publique n’est pas créée uniquement pour fournir des emplois, mais avant tout pour fournir un service utile. Tout en créant de l’emploi sain, des entreprises privées concurrentes pourraient fournir un bien meilleur service sans perte à imputer au contribuable. Cela vaut également pour toutes les autres entreprises étatiques.

    La SAA est de loin l’entreprise qui dégage les plus gros déficits parmi les entreprises étatiques d’Afrique du Sud. En 2014/2015, cinq entreprises étatiques ont généré une perte de 20,6 milliards de rands, soit 2% des recettes étatiques. Cette somme représente 167 000 rands par ménage qui aurait été plus utiles s’ils avaient été consacrés à la construction de 123.600 logements sans compter les milliers d’emplois que ces travaux génèreraient. Petro SA, quant à elle, a été la plus grande perdante sur l’exercice 2015/2016 avec 14,4 milliards rands. Une perte due la plupart du temps à l’exploration infructueuse en Mosselbay. La SABC a perdu 394,7 millions rands. Le bureau de poste a perdu 1,5 milliards rands en 2015/2016. Dans ce top 5 on trouve également SAA et SANRAL.

    Le gouvernement a fourni des garanties de prêt à hauteur de 467 milliards rands pour toutes ces entreprises publiques. Ceci correspond à 11% du PIB et près de la moitié de toutes les recettes du gouvernement. Jusqu’à présent, le risque pour le Trésor est évalué à 258 milliards rands, soit 6% du PIB. Eskom est le bénéficiaire de 75% des garanties et représente 144,5 milliards rands du risque. SANRAL a bénéficié de 38,9 milliards rands en garanties de prêts et représente à elle seule un risque de 30,2 milliards rands pour le Trésor. La dette extérieure des entreprises publiques représente 39% de la totalité de la dette. Le poids de ces entreprises contribue au recul du pays dans les classements internationaux en matière d’attractivité des investissements. Notons qu’en plus des garanties de prêts, le gouvernement fournit aux entreprises publiques de grandes quantités d’argent. Par exemple, ESKOM a bénéficié de 15 milliards rands, le bureau de poste de 650 millions rands, SANRAL de 1.4 milliards rands (sur 3 ans), et ainsi de suite.

    Même si les entreprises publiques étaient rentables, elles garderaient un impact négatif sur l’économie en étant protégées de la concurrence. Protéger des entreprises inefficaces, ou les consolider, ralentit la croissance de la productivité et réduit le nombre d’emplois durables produits dans un environnement des affaires libres. Ainsi, les entreprises publiques ne sont pas nécessaires pour l’emploi et bien au contraire, elles s’avèrent être un fardeau inefficace voire inutile qui freine l’ensemble de l’économie. Notons qu’elles exposent le Trésor à des risques importants et ont un impact négatif sur la notation du pays sur l’indicateur des investissements. Selon les critères internationaux, l’Afrique du Sud a beaucoup trop d’entreprises publiques.

    Garth Zietsman, statisticien et consultant. Analyste pur Africanliberty.org Article publié en collaboration avec Libre Afrique

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