Enseignant d’Éducation Physique et Sportive de formation, Mokodji Malachie est le sélectionneur de l’équipe nationale de handisport du Tchad. Dans cet entretient accordé à afrikipresse.fr, il dresse le bilan de la participation de son équipe à ces 8èmes Jeux de la Francophonie à Abidjan, des difficultés de la fédération de handisport de son pays, et de l’organisation d’ensemble de ces jeux.
Avec combien d’athlètes êtes-vous venus à ces 8èmes Jeux de la Francophonie à Abidjan ?
Un seul athlète qui a couru en athlétisme. Par manque de moyens, les autres athlètes n’ont pu effectuer le déplacement à la dernière minute.
Quel bilan tirez-vous de cette participation ?
Il est vrai que notre athlète n’a pas glané de médaille, mais cette participation nous a permis de tirer beaucoup de leçons en tant que jeune fédération. Nous avons noué de nombreux contacts qui nous vont nous servir dans les prochaines années. C’est dire aussi que dès notre retour au pays, nous allons nous remettre au travail pour préparer d’autres échéances et espérer remporter de nombreuses médailles comme les autres.
Ces contacts vont-ils vous permettre d’aller acquérir de l’expérience à l’extérieur ?
Justement c’est l’un de nos objectifs en venant à ces Jeux. Nous avons noué de nombreux contacts qui, je l’espère nous permettront de changer notre manière de travailler. Le Directeur Technique National de la fédération du Maroc m’a fait la promesse d’un voyage de perfectionnement, l’année prochaine à la faveur d’une grande compétition que ce pays va organiser. Ça c’est un acquis. Il m’a aussi fait la promesse de voir dans quelle mesure je pourrai partir là bas avec des athlètes. D’autres m’ont promis des documents. Il y a également la Belgique prête à nous aider et bien d’autres pays européens.
Du point de vue des résultats techniques, quels sont vos regrets et vos satisfactions ?
Nous n’avons pas pu obtenir de médaille d’autant plus que nous n’avons pas eu une très bonne préparation. Cette préparation était de courte avec nos moyens de bord, ce qui est difficile dans ces conditions là où certains pays y ont mis quatre ans pour le faire avec naturellement de gros budgets. Mais pour nous, l’essentiel était d’être à ces 8èmes Jeux. En toute chose, il faut un début et le début de toute chose est difficile. C’est après qu’on récolte ce qu’on a semé.
Comment se présente le handisport au Tchad ?
La Fédération Tchadienne de Handisport est créée il y a environ six ans. Mais il faut reconnaitre qu’il y a beaucoup de personnes vivant au Tchad avec un handicap mais par manque de ressources l’on n’arrive pas à les prendre en charge. Il y a des sourds-muets, des handicapés physiques…Dans ce groupe, il y a toutes les couches, des intellectuels, des sans-emplois, des jeunes, des adultes…Ces handicapés devraient disposer d’encadreurs spécifiques mais par marque de moyens nous autres sommes obligés d’être généralistes pour tout ce monde. Mais sommes obligés de travailler selon nos moyens de bord pour donner des résultats.
Quelle appréciation faites-vous de l’organisation de ces jeux ?
Sincèrement je donnerais une note très positive à l’organisation. Dans l’ensemble tout s’est bien déroulé. La sécurité, l’hébergement, le transport et dans bien d’autres domaines, nous sommes largement satisfaits. Au niveau de la restauration également, nous avons été bien servis. Seulement à ce niveau, les organisateurs auraient pu penser à tenir compte souvent des spécificités de certains pays. Sinon, nous n’avons consommé que des mets européens ce qui n’a fait qu’arranger les Européens. Nous autres avons aussi nos mets et c’est avec ces mets que nous sous sommes préparés (rires). En tout cas, de nombreux athlètes et encadreurs africains, se sont plaints de cette situation. Parce que c’est cela aussi la Francophonie qui est l’acceptation de la diversité. Certains comme moi, n’avons plus mangé au restaurant après les quatre premiers jours de notre arrivée parce que ce sont les mets habituels. Et puis désormais l’OIF devrait songer au problème des visiteurs. Sincèrement les consignes étaient telles que certains parents et des compatriotes vivant en Côte d’Ivoire n’ont pas pu nous rendre visite au village des jeux. C’est dommage.
Généralement les repas sont confectionnés en fonction des recommandations des médecins. De plus, au plan sécuritaire, les consignes sont données pour éviter des problèmes dans le village des athlètes, n’est-ce pas ?
Oui mais pour les repas, c’est une question de goût. Et puis nous, peut-être n’avons-nous pas glané de médailles parce que nous avons consommé des mets européens. La préparation a été faite avec nos mets habituels (rires). Parlant de la sécurité au niveau des visites, les organisateurs devraient prendre des mesures à ce niveau, par exemple, l’octroi de badges et identification des visiteurs, guides… Il est vrai que nous sortions pour aller rendre visite à nos compatriotes, mais c’était lourd tout cela avec une délégation de plus de 60 personnes à la fois alors qu’une seule personne pouvait voir à la fois les 60 personnes au village. En fait, je fais des recommandations pour les prochains jeux. Sinon dans l’ensemble, tout s’est bien passé et je félicite la Côte d’Ivoire pour l’excellent accueil et l’organisation des jeux.
Entretien réalisé par Adou Mel
