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    À Bassam des djihadistes attaquent l’ hôtel Étoile du Sud (témoignage)

    À Bassam des djihadistes attaquent l’ hôtel Étoile du Sud (témoignage)
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 3 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    Il est 11 heures 05 min dimanche 13 mars 2016. Je suis de passage à Abidjan, et assise à Cap Nord quand je reçois un appel d’un numéro masqué.

    Les appels masqués je les décroche systématiquement car si je rate, je ne sais qui rappeler. Je décroche toujours avant de me plaindre s’il s’agit d’une personne que je connais et qui ne m’appelle pas souvent en numéro masqué.

    Au bout du fil une amie avec qui je n’ai pas parlé depuis trois ans. Elle appelle de Paris et sa voix inquiète et angoissée m’interpelle et appelle au secours : “je causais avec un ami et sa femme qui sont avec leurs enfants à l’Etoile du Sud à Bassam lorsque des coups de feu ont retenti. Il dit qu’ils sont attaqués par des terroristes. Je le rappelle et il ne prend plus le téléphone. Je suis inquiète. Il faut alerter les gens et les autorités qu’il faut, pour agir vite”.

    Quand elle raccroche je me connecte sur le net et les réseaux sociaux pour voir. Encore rien ; ni des agences de presse et médias, ni des internautes.

    Moins de 5 minutes après, alors qu’après plusieurs appels en vain à certaines autorités je me résouds a envoyer des SMS pour donner l’info et en savoir plus, des internautes commencent à balancer l’information.

    Difficile pour moi de faire comme eux. Ce dont des citoyens qui s’en tiennent à des témoignages de gens qu’ils connaissent.

    Moi j’ai un problème: même si je peux jurer de la bonne foi de mon amie qui appelle de Paris, je ne peux pas me contenter du témoignage que lui a fait le couple avec qui elle était au téléphone, pour écrire une telle information majeure.

    Et puis je n’avais aucun indice pour m’assurer qu’il s’agissait bien de terroristes.

    5 minutes après, un ami qui avait quitté juste un peu avant l’attaque, son chantier à Bassam situé dans le périmètre de l’Hotel du Sud, m’appelle pour me dire que son gardien est en pleurs, et est caché, à cause des tirs dans les environs.

    À 11 h 15 minutes, j’ai la confirmation que quelque de mauvais est en train de se dérouler, à environ 40 kilomètres d’Abidjan.

    Je m’inquiète pour le pays, pour les innocents, pour les invités du Marché des arts du spectacle africain, pour ceux du gala de Children of Africa. Je m’inquiète pour les conséquences de cette attaque , qui risque de modifier notre conditions de vie et d’entraver notre liberté.

    Je m’inquiète pour l’avenir, en notant que dans la sous région ouest africaine le Sénégal, la Guinée, le Libéria, la Sierra Léonne et le Ghana, le Togo, le Bénin encore à l’abri doivent être vigilants.

    Je comprends que les assaillants ont choisi de frapper Bassam, parce qu’Abidjan la capitale était si verrouillé, et avait des allures d’une citadelle imprenable. Je note que tous les sites méritent d’être protégés, et qu’il faut s’adapter à la sécurité électronique, pour palier aux faiblesses et lenteurs des interventions humaines.

    Au moment où je boucle cet article mon amie de Paris rappelle pour me dire qu’elle a enfin pu parler au couple présent à l’hôtel Étoile du Sud. Il est sain et sauf

    J’apprends aussi que l’attaque avait commencé à l’hôtel Tereso, s’est poursuivie au Plaza et sur environ un kilomètre avant d’arriver à l’hôtel Étoile du Sud. Et qu’au moment où je tentais de joindre mes contacts et autres, les autorités étaient déjà en action, pour neutraliser les assaillants.

    La situation serait désormais sous contrôle avec un ratissage des forces de sécurité, et une présence annoncée sur les lieux du chef de l’Etat ivoirien.

    Je suis en attente des déclarations officielles et des bilans.

    Alice Ouédraogo

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