Le président du jury du concours de la chanson des 9e Jeux de la Francophonie, Didier Awadi, parle de l’honneur de représenter le mouvement Hip-hop et du message d’émancipation qu’il souhaite transmettre à la jeunesse africaine.
Dans cette interview exclusive, Didier Awadi, leader du Rap sénégalais parle de son rôle de président du jury du concours de chanson aux 9e jeux de la Francophonie à Kinshasa. Il évoque également son combat pour le continent, son dernier album, « Quand on refuse, on dit non !» et l’héritage qu’il souhaite laisser à la jeunesse africaine.
Bonjour Didier Awadi, vous êtes désigné président du jury du concours de la chanson aux 9e jeux de la Francophonie qui a lieu en République démocratique du Congo. Nous voyons là le mouvement Hip-hop et le Sénégal honorés ! Vous partagez cet avis ?
Bonjour. Oui pour moi c’est un honneur d’être désigné Président du Concours de la chanson des 9e jeux de la Francophonie. C’est aussi un honneur pour le mouvement Hip-hop. C’est reconnaître notre importance dans tout ce qui est chanson et musique. Mais il faut être à la hauteur, pour ne pas décevoir les gens et faire le bon choix.
Cette désignation est une reconnaissance du monde de la culture, de votre immense talent, constant. C’est l’ouverture de certaines grandes portes devant vous, en lieu et place de celles qui se ferment. Avez-vous le sentiment que, quand une porte se ferme, une autre plus grande s’ouvre comme le disent les saintes écritures ?
Moi vous savez, je vois toujours le verre à moitié plein, pas le verre à moitié vide. J’ai l’habitude de voir que certaines portes se ferment ; mais cela n’a jamais empêché la providence de m’ouvrir beaucoup d’autres portes. Je regarde ça, comme ça et je vois toujours dans chaque système des brebis galeuses. Mais cela ne m’empêche pas d’avancer. Je ne dépends de personne pour vivre, je ne dépends que de Dieu.
Depuis les années 90 avec le Positive Black Soul disloqué aujourd’hui, jusqu’en 2023, avec votre 7e Album « Quand on refuse, on dit non ! », Awadi a gardé le même “tempo”. La lutte pour l’homme noir de penser libre, semble ne pas faiblir en vous. Vu votre hargne, le bout du tunnel n’est plus loin ?
La lutte pour l’émancipation et la liberté du continent, pour moi c’est un sacerdoce. C’est un choix de Vie, un devoir, donc je continuerai toujours malgré les hauts et les bas, le continent en vaut la peine. Mon Album « Quand on refuse, on dit non » est donc un concentré de toutes mes émotions, par rapport à ce continent. J’invite donc tout le monde à l’écouter, si vous n’avez pas de quoi streamer, allez sur Youtube. L’album est là. « Quand on refuse, on dit non »
Pour revenir à la chanson des Jeux de la Francophonie en RDC, qu’allez-vous communiquer aux jeunes candidats, vous un habitué de telles challenges, pour la suite de leur métier ?
Ce qu’on aimerait laisser aux jeunes, c’est cet amour, cette passion de la musique. Que rien n’est impossible, que tout le monde peut faire une carrière quel que soit le lieu d’où on peut venir. On est dans un métier où le rêve est possible. IL suffit d’y croire plus que les autres et on y arrive.
Un fardeau sur les épaules de Didier Awadi, c’est quoi aujourd’hui en terme clair ?
Non, je n’ai réellement pas de fardeau. On a des challenges. Les challenges sont là, il faut les réussir. IL n’y a pas de fardeau sur ma tête. Le challenge du moment, c’est de choisir un artiste sur les 18 qu’on va nous proposer, mais le challenge reste le même.
« Quand on refuse, on dit non » pourquoi avoir choisi ce titre pour votre Album, tiré du dernier livre du célèbre écrivain ivoirien : Ahmadou Kourouma ?
Quand je fais le tour de la question par rapport à l’Afrique, je me suis dit : on a trop délégué nos responsabilités. Notre sécurité, notre monnaie, notre transport, l’économie, la santé, l’électricité etc….. On n’a jamais su dire non à des propositions indécentes. Je pense que si l’Afrique doit avancer, elle doit savoir dire non. C’est pourquoi le titre de l’écrivain Ahmadou Kourouma m’a beaucoup inspiré. Je pensais à Ahmadou Kourouma et à Boribana de Samory Touré et j’ai choisi « Quand on refuse, on doit dire non ».
Awadi a sans doute, un message pour le peuple africain à l’occasion de ces 9e jeux de la Francophonie qui est un lieu de rencontres, d’échanges de connaissances, et de partage d’expériences entre les artistes et les politiques ?
Aujourd’hui Il y a beaucoup de mouvements politiques, de petits problèmes entre les politiques ; mais ces jeux c’est une manière de nous retrouver autour de l’essentiel. L’essentiel, c’est la culture. Quand on aura tout perdu, il nous reste la culture. La culture doit permettre de mettre les peuples ensemble. Ces jeux c’est un moment d’amour et de communion entre les peuples. Je vous remercie et je vous dis à bientôt.
Alain Martial
