Le démenti de la Commission électorale indépendante (Cei) sur les allégations de relèvement du cautionnement de 20 millions de FCFA à 50 millions de FCFA cumulé à 250 signatures d’élus et chefs pour être candidat à la présidentielle d’une part ; et d’autre part sur le relèvement la caution de 100 000 FCFA à 1 million de FCFA pour l’élection des députés à l’Assemblée nationale, ne met cependant pas fin au débat : et si, dans le fond, cela était une bonne chose ?
Les adversaires d’une telle proposition évoqueront sans doute l’idée qu’il s’agit d’un prétexte pour éliminer d’éventuels candidats de poids moins nantis susceptibles de battre un président sortant souhaitant rempiler ou d’éventuels oligarques. Mais au-delà de cette suspicion, il faut prendre en compte le respect que doit incarner l’institution de la présidence de la République à travers, d’abord et avant tout, les prétendants au palais présidentiel.
C’est, d’ailleurs et surtout, le but du critère de la présentation des candidats à l’élection présidentielle selon la procédure appelée signature ou parrainage. En général, cette procédure requiert la présentation des candidatures auprès du Conseil constitutionnel par des élus. Mais la Côte d’Ivoire peut y ajouter sa touche personnelle en associant les chefs traditionnels aux élus en vue d’atteindre les 250 signatures. Ainsi, tout candidat à l’élection présidentielle ne pourra être en lice que s’il parvient à convaincre un nombre suffisant d’élus pour le présenter.
Il faut, également, souligner que dans son application classique, la procédure de la signature permet à un élu de ne parrainer qu’un seul candidat, même s’il cumule différents mandats.
S’il est admis que le but principal du recueillement de signatures d’élus nécessaires pour le parrainage d’un prétendant au palais présidentiel est de limiter les candidatures fantaisistes et régionalistes, il en ira sans doute autant pour le relèvement de la caution à 50 millions de FCFA. À l’époque le montant même de 20 millions FCFA n’existait pas. Le fait qu’il paraisse faire consensus de nos jours , ne doit pas faire oublier qu’il a été longtemps décrié. Un tel rappel devrait suffire pour comprendre qu’il y’a lieu de faire évoluer , qu’un changement à la hausse ( 50 millions Fcfa) ou à la baisse ( 10 millions ,1 million ) n’est pas du tout tabou.
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Hommes politiques , société civile et citoyens réagissent
Benzème Kouamé, inspecteur du Pdci : « On peut même aller à 100 millions »
On peut même aller à 100 millions Fcfa. Diriger la Côte d’Ivoire, ce n’est pas 20 millions Fcfa . Il faudrait qu’on arrive à donner une valeur aux présidentielles. Il faudrait que ça soit des gens qui ont les moyens. Vous allez élire quelqu’un qui paye une caution de 20 millions, il devient Président de la République, qu’est ce qui va se passer ? Il va s’enrichir d’abord. Ne peut être président de ce pays, que celui qui a de la valeur et de l’argent. Il ne faut pas venir s’amuser . Ce n’est pas un club ou une association. Pour être Président, il faut avoir les moyens nécessaires et le parrainage comme ça se passe en France.
Kouamé Adjoumani Pierre, président de la Lidho : « On peut relever le montant pour que n’importe qui ne vienne déposer son dossier »
Premièrement si on veut parler du communiqué de la Cei, il y a eu une légèreté au niveau du service communication de cette institution. Les journalistes ont été invités à la cérémonie de clôture. Il y a eu la lecture des motifs. D’où est sortie cette information d’augmentation de caution ? Donc, il y a eu une faille au niveau du service communication de la Cei. Maintenant dire qu’il faut relever le taux, c’est vrai la Côte d’Ivoire tend vers l’émergence à l’horizon 2020. Nous pensons que 50 millions Fcfa , c’est énorme, mais on peut relever le montant pour que n’importe qui ne vienne déposer son dossier. Mais cela doit être discuté avec les partis politiques et les organisations de la société civile impliqués dans le processus électoral. Il faut que ce soit de manière inclusive. Il ne faut pas que la Cei fasse seule la proposition et vienne nous demander de l’expliquer aux populations. Si on doit relever le taux on doit faire des propositions raisonnables parce que le coût de la vie est cher .
Ambeu Albert, Opérateur économique : ‘’Je me demande si c’est ce qui pourra résoudre la question des élections en Côte d’Ivoire »
Je l’ai aussi lu à la ‘’une’’ des journaux. Il faut juste prendre exemple sur l’organisation des élections américaines : Organiser des primaires au niveau des partis. Sinon payer 50 millions Fcfa , je me demande si c’est ce qui pourra résoudre la question des élections en Côte d’Ivoire. Cela ne représente rien pour certains candidats puisqu’un seul planteur peut payer pour plusieurs candidats. Il faut plutôt des candidats de bonne moralité et surtout quelqu’un qui aime la Côte d’Ivoire. Cela est perceptible à travers les idéologies défendues ou incarnées par le candidat. Avant d’être candidat à l’élection présidentielle, il faut que tu sois quelqu’un qui ait fait ses preuves.
Georges Kouassi, Enseignant : ‘’Que ce soit 20 ou 50 millions, il faut une moralisation de la vie publique’’
Tous ces paramètres, toutes ces conditions et autres, ne répondent à rien à mon avis. La politique reste ce qu’elle est. Tout ce qu’ils nous montrent, c’est juste pour distraire la communauté, la population. Que ce soit 20 ou 50 millions Fcfa , il faut une moralisation de la vie publique. Le problème, c’est la Côte d’ivoire. Il n’y a pas de suivi. Pas d’ordre dans la gestion des choses de l’Etat. Mon problème, ce n’est pas la caution. Je demanderai à la Commission Electorale Indépendante de mettre un peu plus de sérieux dans la gestion des questions électorales. Et à nos dirigeants, un peu de respect. Que nos candidats soient cultivés afin que la fonction et la gestion des choses de l’Etat soient vues autrement. Il faut une moralisation totale de la vie publique. Il faut de la rigueur en un mot.
Diomandé Namory, chauffeur de particulier : ‘’Que la Cei veuille plutôt à nous trouver des candidats matures’’
Je ne trouve pas nécessaire une réforme des textes en l’état actuel des choses. Que la CEI conserve les textes actuels. Même si la CEI fixe la caution à 100 millions la question des Ivoiriens ne sera pas réglée. Il faut juger les candidats à partir de leurs programmes et non une caution ou de simples signatures. Que la CEI veuille plutôt à nous trouver des candidats matures. Sinon 50 millions, pour moi n’est pas la question importante.
N’guessan César , Juriste de formation : ‘’C’est bien, mais il faut des candidats qui incarnent plutôt des valeurs’’
Concernant le parrainage de 250 signatures et une caution qui va s’élever à 50 millions Fcfa , c’est une bonne nouvelle et cela montre l’intérêt que le peuple porte à certains candidats. Je voudrais faire une analogie au système français qui demande un parrainage de 500 signatures. Une élection qui se veut crédible, ne doit pas être accessible à tous. Les candidats doivent faire leurs preuves au sein de leurs différents partis avant de chercher à briguer la magistrature suprême. Il nous faut des candidats avec de l’expérience. C’est le poste le plus élevé. Il faut des primaires au sein de nos partis cela permettra aux candidats de bénéficier de réels soutiens. C’est bien mais il nous faut des candidats qui incarnent et défendent plutôt des valeurs sinon, une fois au pouvoir, ils ne font que des nominations arbitraires et non basées sur la compétence.
Lohourignon Sidonie, coatch sportif : ‘’On sait comment obtenir rapidement 250 signatures dans ce pays’’
On est crédible que par le témoignage de plusieurs personnes. Il faut un homme rassembleur, charismatique qui a toujours été au service de son village, de sa commune, de son département. Il faut que le candidat ait été bien avant au service de la communauté sans forcément pour des intérêts politiques. 250 signatures ce n’est rien pour quelqu’un qui est toujours en contact avec sa population. Il peut en récolter 1000 si la population estime qu’il est au service du développement. Le candidat trouvera même la caution peu importe le montant. Comparativement à quelqu’un qui a de gros moyens mais qui n’a aucune idée de la gestion des hommes et des choses. Je pense que ce que le peuple pense est plus grand que la caution. Pour une nation ce ne sont pas 250 signatures il faut plutôt un candidat qui soit connu avec un bon témoignage des populations sinon une signature, on sait comment obtenir rapidement 250 signatures dans ce pays.
M. Binaté, cadre de la santé : ‘’Il faut plus que ça dans le choix de nos candidats’’
Je pense que ce n’est pas une bonne chose, Cela réduit les initiatives. Mais en même temps cela permettra de renvoyer tous les aventuriers qui viennent juste se pavaner. L’homme politique c’est avant tout celui qui s’intéresse à la chose collective. Il faut quelqu’un qui ait démontré ses compétences. Il faut des politiciens qui soient véritablement issus des localités pour lesquelles ils ont été nommés ou élus. Cela va nous éviter les nominations et les choix fantaisistes. Feu Houphouët Boigny avait autour de lui des technocrates venus de toutes les régions de la Côte d’Ivoire alors pourquoi ces nouveaux politiciens gouvernent en famille ? Il faut plus que ça dans le choix de nos politiciens. Certains n’ont aucun vécu, aucune onction avec les régions qu’ils prétendent représenter. C’est regrettable mais il faut plus que ça je pense.
Réalisé par Alex A , T.A.B et AE pour l’IA