Le projet de la manifestation Africa Acts, qui se tient du 5 au 12 juillet 2015 en parallèle de l’European Conference on Africa Studies (la Sorbonne, 8-10 juillet), loin des clichés et des stéréotypes faciles, invite à penser l’Afrique autrement.
Africa Acts c’est une semaine consacrée à la performance en Afrique et dans les diasporas. Une programmation artistique ambitieuse, novatrice, met sous le feu des projecteurs douze artistes et collectifs engagés, ludiques, étonnants, décapants, poétiques. Tous, excellents dans leur domaine, apportent, en totale liberté, leur grain de folie, leur vision du monde.
Breeze Yoko, graffeur venu d’Afrique du Sud, a choisi d’ironiser sur le fait que 1800 chercheurs du monde entier, mais en majorité européens, se réunissent à Paris pour parler de l’Afrique : une capture du langage de l’Afrique par des personnes qui n’y vivent pas, selon Yoko.
Serge Kakudji, contre-ténor congolais, déclare : « dans l’imaginaire populaire, c’est l’Afrique qui a besoin de l’Europe ». Avec ses réinterprétations de l’opéra baroque en swahili, dans une Europe coincée, enfermée sur elle-même, compassée, Kakudji découvre un public qui lui dit que c’est l’Europe qui a besoin de l’énergie de l’Afrique.
Africa Acts mise aussi sur la performance participative et inclusive : le public devient acteur.
Place de la Sorbonne, les passants pourront assister à la transformation du performeur Jelili Atiku en arbre et seront invités à l’arroser d’eau. Une mise en action qui invite à s’interroger sur le réchauffement climatique et l’accès à l’eau potable, questions qui se posent dans une mégalopole comme Lagos, dont Atiku est originaire. Une semaine qui invite à regarder l’Afrique à travers d’autres prismes.
(http://africaacts.ecas2015.fr)
Caroline Roussy, Historienne à l’IMAF
Dominique Malaquais, Politiste et Historienne d’art au CNRS