Professeur d’Education Physique et Sports (EPS) à l’Institut National de la Jeunesse et des Sports (INJS) d’Abidjan, entraîneur de niveau 5 et Coordinateur technique du Centre Régional d’Athlétisme de Lomé (CRAL), Kouamé Kouakou Jeannot est le nouveau président de la Fédération Ivoirienne d’Athlétisme (FIA) depuis son élection le 28 août 2017. Dans cet entretien exclusif à Afrikipresse, l’homme qui a révélé la championne Ta Lou Marie-José parle de son ambition pour l’athlétisme ivoirien.
Un mois après votre prise de fonction quel est l’état des lieux ?
Nous avons fait l’état des lieux en commençant par le matériel. Nous sommes à présent sur l’administration. Après, nous allons nous orienter vers les ligues pour avoir des présidents qui sont en fait nos interlocuteurs. Sans oublier l’organisation des clubs qui devront prendre part aux compétitions. Avant cela, nous avons adressé des courriers aux instances internationales (confédération africaine et fédération internationale) et nationales (ministère de tutelle,
CNO-CI). Tout est presque fait, il ne reste plus que quelques détails. À partir du mois de novembre, nous allons ouvrir la saison.
On peut dire que les chantiers sont grands et nombreux….
Vous avez raison de le souligner, ils sont vraiment grands et nombreux; et le problème, c’est le manque criard d’entraîneurs de haut niveau. J’insiste là-dessus. Nous avons seulement trois ou quatre entraîneurs de Niveau 5. Au niveau des officiels, nous en avons formé 80 à la faveur des Jeux de la Francophonie mais je dois avouer qu’ils viennent de débuter. Or, nous avons besoin d’officiels de grande expérience pour des compétitions de qualité. Au niveau de la détection, nous ferons tout pour avoir une base très large et espérer avoir plus tard des athlètes de haut niveau.
Qu’en est-il au plan financier ?
À ce niveau nous n’avons pas véritablement de problèmes, nous avons régularisé la situation avec notre banque et les comptes sont régulièrement approvisionnés; c’est ce qui nous permettra de procéder à l’ouverture de la saison en novembre comme je l’ai dit, en subventionnant les ligues avec un cahier de charges bien défini. Dans notre projet, nous allons, à partir de la saison 2019-2020 subventionner véritablement les ligues et ce sera une grande première.
Les compétitions nationales sont organisées dans le plus grand anonymat et même dans des conditions de précarité totale. Que comptez-vous faire à ce niveau pour redorer l’image de l’athlétisme ivoirien au plan local ?
Dans notre programme d’activités, aucune commission ne sera négligée. Parlant de la médiatisation de nos activités, nous prendrons des dispositions avec la Commission Communication pour qu’effectivement nos activités soient connues, vues et sues de tous. Nous ne laisserons aucun événement dans l’ombre à commencer par les détections. Effectivement, il faut que le grand public sache ce que nous faisons et dans quelles conditions nous sortons des champions d’Afrique et des médaillés lors des Championnats du Monde.
Vous avez travaillé avec le bureau sortant mais ces idées ont manqué
Non, j’étais Directeur Technique National (DTN) de 2008 à 2011. En 2011, j’ai été appelé au plan international donc je suis parti. En 2013, j’ai collaboré, c’est le mot qui convient, avec le bureau sortant. C’est moi qui ai conçu le centre de Yamoussoukro qui a vu le jour en 2013. En 2014, jusqu’à qu’à la fin du mandat, j’ai apporté ma collaboration à ce bureau. Je n’ai pas eu de problèmes. En gros, quand il s’agit des tâches techniques, j’apporte ma contribution. Et je l’ai toujours fait. Sans plus.
On vous connait moins dans le milieu parce vous êtes très effacé. Mais il semble que c’est vous qui avez détecté Ta Lou Marie-Josée.
Tout à fait. Mais j’estime qu’il n’est pas nécessaire d’en parler tout le temps. Au début, sa mère ne voulait pas qu’elle fasse de l’athlétisme. Difficilement elle a accepté, et cela grâce surtout à la force de persuasion d’une dame, Florence Agbo. C’est sous ma responsabilité qu’elle a fait sa première meilleure performance C’était 11’5 sur 100 mètres en championnat national. C’est de là que tout est parti.
Revenons à votre élection. Au premier tour, vous avez obtenu 19 voix contre 16 pour votre poursuivant direct. Cela n’a pas été facile ?
Effectivement je pensais gagner au premier tour avec 27 voix selon mes calculs. J’ai été surpris d’avoir obtenu 19 voix mais toujours en tête. Ceux qui étaient partis étaient obligés de revenir parce que mon projet est bon.
Avez-vous eu des craintes avant le début du scrutin du second tour d’autant plus que vous n’avez pas obtenu la majorité au premier tour ?
Non pas du tout parce que ceux qui m’ont lâché au premier tour étaient toujours là. Ils sont donc revenus, car ils pensaient en partant que je gagnerais.
Concrètement qu’est-ce qui a fait la différence dans le projet que vous avez présenté aux électeurs ?
C’est un projet qui prend en compte toutes les dimensions à savoir tous les acteurs et secteurs sans exception. Athlètes, encadreurs, dirigeants, clubs, techniciens, officiels, hommes de medias, le matériel de travail… Notre projet phare reste la création d’un centre d’athlétisme digne de la Côte d’Ivoire. Nous allons travailler dans ce sens. A la fin de la nouvelle saison qui va bientôt débuter, nous allons faire une finale de détections. Nous allons faire une sorte d’école d’athlétisme avec les enfants de 8 à 10 ans qui vont apprendre les rudiments de l’athlétisme. Par la suite, nous ferons des centres dans les ligues pour aboutir au centre national. Si le Centre National de Haut Niveau CR22 PAR l’Etat est bien structuré, nos athlètes du centre national que nous allons créer devraient se retrouver là bas. De notre centre, nous devons entamer la préparation les championnats du Monde et les Jeux Olympiques à l’image de l’INSEP de Paris.
Tout cet ambitieux programme demande suffisamment de moyens financiers pour son aboutissement. En êtes-vous conscient ?
Bien sûr mais à ce niveau, nous avons des sponsors et des partenaires pour nous accompagner. Je vous l’ai dit, en novembre, nous allons accorder les premières subventions aux ligues avec à l’appui un cahier de charges. Trois mois plus tard, nous ferons un bilan par rapport à nos objectifs et suivra la seconde partie de la subvention. Nos partenaires ont déjà donné leur accord.
Quels sont vos rapports avec les médaillés ivoiriens tels Meité Youssef, Ta Lou Marie-Josée, Muriel Ahouré, Hua Koffi… et quelle est leur place dans votre projet ?
Je peux le dire, nous sommes en phase. Nous allons exploiter lesacquis que nous avons avec eux, et les accompagner jusqu’à la fin de leur carrière. Par la suite, nous allons les intégrer dans la vie professionnelle en accord avec notre tutelle. Le travail a débuté dans ce sens avec le ministère des sports.
Qu’est-ce que nous devons attendre de vous pour la relève de la discipline ?
Vous le verrez sur le terrain. Le travail va bientôt commencer avec les 11-15 ans sur tout le territoire national. Nous aurons alors une base pour aller vers l’élite.
Entretien réalisé par Adou Mel