La Côte d’Ivoire a , depuis le mardi 10 janvier 2017 pour la première fois de son histoire , un vice-président en la personne de Daniel Kablan Duncan. Pendant plusieurs années , le désormais n°2 de l’État ivoirien a résidé – hormis la brève période d’exil après le coup d’État de 1999 – en sa résidence aux Deux-Plateaux. Une présence qui a fini par servir de repère et faire donner son nom au carrefour qui jouxte son domicile. Maintenant qu’il est vice-président de la République , Daniel Kablan Duncan peut-t-il continuer à habiter dans sa propre résidence en lieu et place d’une résidence officielle ? Quelle sécurité faut-il prévoir pour lui ? Arthur Banga professeur à l’Université Félix Houphouët Boigny à Abidjan , chercheur et expert en sécurité et défense donne son avis .
« Le vice-président est la deuxième personnalité de l’État . Il doit bénéficier alors d’une protection particulière. Parce qu’en tant que deuxième personnalité de l’État , il peut être une cible de tous les ennemis de l’État de Côte d’Ivoire. Par rapport aux menaces terroristes par exemple , il peut le prendre comme otage pour faire des chantages. Son statut de deuxième personnalité de l’État exige qu’il y’ait un maximum de sécurité pour lui », a-t-il déclaré .
Cela dit , eu égard au contexte et à l’accessibilité de son domicile , le vice-président de la République Duncan peut-il continuer à résider dans sa propre résidence malgré son nouveau statut ? Par ailleurs est-ce normal que des présidents d’institutions continuent de résider dans leurs propres résidences en lieu et place des résidences officielles ? Alors que certaines entreprises privées continuent de mettre à la disposition de leur responsable des résidences de fonction , pourquoi l’État ivoirien ne le fait plus comme c’était le cas sous le Président Houphouet ? Pourquoi la résidence présidentielle qu’habitait l’ex-président Laurent Gbagbo n’est-elle pas encore réhabitée ? Va-t-elle rester en l’état jusqu’à 2020 et pousser le prochain Président ivoirien à habiter sa résidence personnelle comme le fait actuellement le Président Ouattara ?
Face à ces interrogations , Arthur Banga fait des recommandations : « Il faut qu’on sorte de la personnalisation du pouvoir. Il faut une résidence du chef de l’État qui soit différente de la résidence de l’homme et du citoyen qu’il est. La Côte d’Ivoire n’a pas de résidence officielle. Le Président Ouattara reçoit dans sa résidence privée. Ce qui n’est pas normal pour un Président de la République . Pour les ministres c’est tolérable. Mais le Président de la République, le Président de l’Assemblée nationale, le Vice-président, le Premier ministre, le président du Sénat , le président du Conseil économique et social doivent avoir une résidence officielle. Il y va de leur sécurité et de la non personnalisation du pouvoir. Il faut qu’on sache qu’on ne va pas chez le citoyen Ouattara, mais bien chez le Président de la République ». .
T.A.B