Le président de la commission de l’Union africaine, le Tchadien Moussa Faki Mahamat est arrivé lundi 26 novembre 2017 à Abidjan pour le 5e sommet UA-UE. Depuis le pavillon présidentiel à l’aéroport FHB,où il a été accueilli par le ministre ivoirien des Affaires étrangères, il a répond aux questions d’Afrikipresse.
C’est votre premier voyage en Côte d’Ivoire depuis votre élection. Vos impressions.
Je suis heureux de venir à Abidjan. Une ville que j’ai connue durant ma jeunesse, il y’a 36 ans. Là je viens en tant que président de la commission de l’Union africaine à l’occasion de ce sommet UA-UE. Bien entendu je voudrais féliciter et remercier la Côte d’Ivoire, son gouvernement, et son président pour tout ce qu’ils ont fait et accompli pour accueillir cette importante rencontre. Je sais que ce n’est pas facile d’héberger un sommet d’une telle importance. L’Union africaine et sa commission sont reconnaissantes à la Côte d’Ivoire.
Est-ce que la question des esclaves en Libye va être abordée; est-ce qu’on ne va pas encore assister à des réponses habituelles ou bien aura-t-on droit cette fois à des réponses fermes ?
Bien entendu en dehors des dossiers classiques de coopération, de partenariat entre l’Europe et l’Afrique, l’actualité oblige, avec ce qui se passe notamment en Libye. C’est une question récurrente qui a pris des proportions très inquiétantes, ceci étant en relation avec la situation dans laquelle se trouve la Libye. Nous allons aborder ce sujet au cours de ce sommet parce que nos partenaires européens ont aussi leur part de responsabilité. La destination de ces jeunes est essentiellement l’Europe. J’espère que dans nos échanges, nos concertations, nous allons arrêter des mesures concrètes et pratiques. D’abord pour sauver les gens qui sont menacés, et ensuite, je l’espère, essayer de régler le problème à la racine. Sur ce qui pousse cette jeunesse à prendre en grand nombre cette direction et plus sérieusement, nous pencher sur la question de la Lybie qui doit être résolue.
Et c’est quoi ces mesures concrètes ?
De façon pratique, nous avons déjà envoyé une délégation à Tripoli pour discuter avec le gouvernement libyen. Il faut d’abord localiser, identifier ces centaines de milliers d’africains qui se trouvent dans des camps, dans des prisons et faciliter leurs retours dans leurs pays respectifs pour ceux qui le désirent.C’est une mesure d’urgence qu’il faut prendre immédiatement. Je sais qu’avec l’OIM et certaines organisations, certains sont déjà revenus, même ici à Abidjan. Je crois que le nombre de ceux qui se trouvent encore là-bas est plus important. Donc très rapidement, du côté africain de même que du côté de la communauté internationale, il faut prendre des mesures urgentes pour sauver d’abord des gens qui sont dans une situation de blocage, et qui ne savent ni où aller ou revenir. Identifier ces réseaux criminels. Je crois qu’il y a une enquête en cours. Nous à l’union africaine, nous avons commis la commission africaine des droits de l’Homme et des peuples, pour diligenter une enquête. Il faut que ces réseaux-là soient identifiés, et les traduire en justice. Comment peut-on s’imaginer qu’au 21esiècle, dans un bazar, on vend des être humains? C’est inadmissible ! Il y’a péril en la demeure. Il y’a des gens qui sont en danger, des femmes et des enfants surtout, et cela n’est pas acceptable du tout.
Propos recueillis par Philippe Kouhon