En milieu de semaine dernière, la communauté laïque catholique en République démocratique du Congo (RDC) avait appelé à une marche de protestation pour exiger le départ du pouvoir du président Joseph Kabila. Cette marche devrait avoir lieu juste après la messe du réveillon du nouvel an. Mais la répression du pouvoir a fait passer la nuit de 31 décembre dans la douleur.
« Les prêtres catholiques ont demandé à la population de venir à l’église pour prier avant la marche. Vous savez, Kabila devait quitter le pouvoir après ses deux mandats. Donc depuis 2011, vu qu’il est au pouvoir depuis 2001. Il a changé la Constitution et a fait un troisième mandat qui prenait fin en 2016. Mais il avait dit qu’il n’y avait pas d’argent pour organiser les élections. Il est entré dans une phase de négociation avec l’opposition et en RDC, ce sont les religieux qui étaient médiateurs. Comme il ne veut pas respecter les accords, alors les laïcs Catholiques ont dit, il doit partir. Avant la messe, les soldats avaient encerclé toutes les églises de Kinshasa. On entendait certains parler l’anglais. Kabila a recruté des mercenaires Burundais, Soudanais, Tanzaniens et sud-africains pour massacrer la population. D’après le New York Time, il y’a eu plus de 200 morts. Certains parlent de 150 et le gouvernement annonce seulement huit morts. En tout cas ici à Paris, moi j’étais triste; ma famille et moi n’avons pas fêté. Toute la nuit du 31 décembre 2017 j’étais collé sur internet pour suivre ce qui se passait dans mon pays. Heureusement que des gens nous avaient filé une application par laquelle on pouvait suivre l’actualité vu que le gouvernement devait couper l’Internet », témoigne Gilles Ndodo, un activiste congolais résidant à Paris.
« Nous pleurons nos morts alors que ceux sensés nous protéger font la fête » a twitté Assani Amzati mardi 2 janvier 2018. Sur une photo illustrant le tweet, on peut voir les casques bleus de la Monusco (mission de l’Onu pour la stabilisation en RDC), en train de danser à Kavumu dans la province-sud Kivu. Alors que la Monusco qui a remplacé la Monuc (mission de l’Onu en RDC) le 1er Juillet 2010 est autorisée selon le contenu de son mandat, « à utiliser tous les moyens nécessaires pour s’acquitter de son mandat, notamment en vue d’assurer la protection des civils, du personnel humanitaire et du personnel chargé de défendre les droits de l’homme se trouvant sous la menace imminente de violences physiques », les tueries de dimanche se seraient perpétrées sous le nez des casques bleus de l’ONU. Selon le site senenew.com qui cite le Bureau de Guterres dans un communiqué publié dimanche soir « Le secrétaire général demande à tous les acteurs politiques congolais de respecter l’accord politique du 31 décembre 2016, qui reste la seule voie viable vers la tenue des élections, le transfert pacifique du pouvoir et la consolidation de la stabilité en RDC (…) Le secrétaire général appelle le gouvernement et les forces de sécurité nationale à faire preuve de retenue et à respecter les droits de liberté d’expression et de rassemblement pacifique ».
Ticha Kalondji, jeune Congolais a twitté hier : « Le moment n’est pas aux déclarations mais aux actes. Quel est votre rôle en RDC ? Toutes vos déclarations ne sont pas suivies par Mr Kibala et compagnons alors passez aux actes chère ONU ».
Le président Joseph Kabila au pouvoir depuis 2001, a signé un accord avec des groupes d’opposition il y’a un an, acceptant de démissionner après la fin de son mandat. Les violences ont éclaté dans le pays récemment quand la date des élections a été repoussée à décembre 2018.
Philippe Kouhon